Université socratique : un modèle éducatif fondé sur la maïeutique
 

La maïeutique socratique est une méthode pédagogique développée par le philosophe grec Socrate (470-399 av. J.-C.). Le terme "maïeutique" vient du mot grec signifiant "art de l'accouchement". Fils d'une accoucheuse et d'un sculpteur, Socrate se voyait lui-même comme un accoucheur d'idées, aidant ses interlocuteurs à donner forme aux vérités qu'ils portaient déjà en eux. Cette méthode repose sur le questionnement, en présumant que les réponses aux grandes questions philosophiques préexistent dans l'âme de chaque individu. Il ne s'agit pas d'apprendre de nouvelles vérités, mais plutôt de les faire émerger par le dialogue et l'examen critique. Socrate invitait chacun à dépasser les apparences pour atteindre la sagesse véritable.

Nous vivons aujourd'hui une période marquée par le déclin apparent de l'empire occidental, où l'idée d'un effondrement politique et culturel semble se profiler à l'horizon. Ce chaos, que l'on pourrait comparer au Tohu va-Vohu biblique, nous pousse à repenser notre manière de percevoir le monde. Face à cette désorientation, il devient impératif de défier la logique conventionnelle, qui se contente souvent de réponses binaires et simplistes. Nos outils intellectuels actuels apparaissent comme désuets, inadaptés aux complexités de l’époque moderne. Nous sommes contraints d’en inventer de nouveaux, des outils capables de saisir la profondeur et la multiplicité des réalités contemporaines.

Ces outils existent déjà, si seulement nous étions à l'écoute. La royauté de l'enfant, distincte de la notion d'enfant roi, frappe à notre porte. Pourtant, notre orgueil nous empêche de la percevoir, aveuglés que nous sommes par l'arrogance de la certitude. L'ignorance de cette royauté spirituelle représente le plus grave des péchés : l'orgueil, qui bloque l'accès à la véritable compréhension. Ainsi, la formule socratique "je sais que je ne sais pas", énoncée au siècle d’Euclide, et reprise au XXe siècle par Schrödinger, devient plus qu'un simple constat ; elle s'affirme comme un postulat fondateur de la pensée ondulatoire. Cette pensée renonce à une vision linéaire du monde et s’ouvre à l’inouï, à ce qui dépasse le cadre de nos perceptions habituelles. La question cruciale devient alors : "Qu'est-ce que je ne sais pas que je ne sais pas ?"

Le rôle du philosophe d'aujourd'hui, à l'image de Socrate, est d'éveiller les consciences. Tout comme Bouddha réveille les esprits endormis par la méditation, le philosophe moderne doit user de sa pensée pour ouvrir de nouvelles voies. Tel Sun Tzu, il doit pratiquer l'art de la guerre contre les illusions et les mensonges qui obscurcissent la vérité. À l'image de Nietzsche, il doit résister à la sottise, et comme Einstein, il doit savoir penser "à côté", c’est-à-dire s’aventurer hors des sentiers battus pour découvrir de nouvelles perspectives. Enfin, tel Wittgenstein, il doit guider les hommes sur le chemin qui mène de l'erreur à la vérité. Ce philosophe contemporain n'est pas seulement un penseur rationnel ; il est aussi un esthète, un explorateur de l'intuition et de l'imagination, plaçant ces facultés au même rang que la raison pure.

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